Les invasions mongoles…
Au cours du XIIIème siècle, les Mongols ont conquis les terres de la Rous’ et les ont soumis à leur autorité. Ils ont établi leur base le long de la Volga, où ils ont créé la Horde d’Or, un puissant empire qui dominait la région.
Depuis le début du Moyen Age, la nation russe n’existait pas en tant que telle. Le territoire était morcelé en de multiples principautés slaves, qui ne possédaient aucune cohésion nationale et territoriale. Les plus importantes de ces principautés étaient Novgorod au nord, Moscou au centre, et Kiev plus au sud.
L’occupation mongole a eu un impact profond sur l’histoire de Moscou et de la Russie. Moscou a ainsi développé sa hiérarchie sociale connue sous le nom de « mestniеchestvo », le recensement, son réseau postal, le système fiscal et l’organisation de l’armée.
L’occupation mongole a également favorisé l’ascension de Moscou comme principauté dominante dans la région, après la destruction de la Rus’ de Kiev et d’une partie de ses rivaux. La principauté a su tirer parti de sa position géographique et de sa loyauté envers les Mongols pour étendre son influence et sa richesse au fil du temps.
Dissension au sein de la horde d’or
Dimitri Ier monte sur le trône de la principauté de Moscou en 1359. Il fortifie la ville avec des murs en pierre et construit le Kremlin (qui signifie en russe « forteresse »). Il prend le titre de grand prince de toutes les Russies ; il prend alors la direction du mouvement visant à s’émanciper de la Horde d’Or.
Suite à des dissensions internes au sein de la Horde d’or, plusieurs princes russes décidèrent de ne plus rendre hommage au Khan ni de verser le tribut imposé depuis plus d’un siècle. Furieux, le régent Mamay de la Horde d’or se lance dans une guerre de représailles, soutenu par ses alliés : la Lithuanie et la principauté de Riazan qui espèrent profiter de la situation pour affaiblir leurs ennemis communs.
En 1380, face à la menace de l’armée mongole, Dimitri rassemble ses soldats et se dirige vers Kolomna, près du Don, au sud de Moscou, où il retrouve ses alliés pour organiser la défense. Il espère ainsi repousser l’invasion et protéger les territoires russes sous son contrôle. Les troupes mongols et ses alliés ne se sont pas encore regroupés, le prince décide alors de venir à leur rencontre sur la plaine de Koulikovo. Afin d’éviter un bain de sang inutile, Dimitri et Mamay envoient leurs meilleurs combattants pour un duel qui déterminera un vainqueur, mais les deux champions se tuent mutuellement lors de cet affrontement.
Rusé, le prince échange son armure et sa bannière contre celle d’un simple chevalier nommé Brenok. Il ne se trompera pas, les mongols viseront le malheureux chevalier. Les combats dureront plusieurs heures, jusqu’à la tombée de la nuit.
Epuisés et en sous effectifs, les troupes de Dimitri feignirent une retraite. Fort heureusement, Dimitri avait gardé sa cavalerie en réserve ; celle-ci était menée par le prince de Serpoukhov, le cousin de Dimitri, qui contourna l’armée mongole et l’attaqua par l’arrière. Les Mongols, surpris et déstabilisés, ne purent résister au choc des lances et des épées des Russes, qui les taillèrent en pièces.
Dimitri Ier perd près de 20 000 hommes, soit le tiers de son armée. Les pertes sont encore plus lourdes du côté de ses ennemis. L’armée mongole est presque totalement anéantie : environ 100 000 guerriers sont tombés pendant cette bataille.
Le début de la nation russe
Les historiens considèrent cette victoire comme le point de départ de l’unification des états russes.
« Les Russes partirent pour le champ de Koulikovo en tant que citoyens de différentes principautés et revinrent en tant que nation russe » / Lev Goumilev, célèbre historien russe du XXe siècle.
Néanmoins, cette victoire tactique n’est que symbolique et non décisive, de nombreux guerriers russes étaient tombés au combat, les mongols répliquèrent en 1382, saccageant et incendiant Moscou.
Dimitri Ier gagna le surnom « Donskoï » (littéralement « du Don ») et entra dans l’histoire en tant que grand chef militaire russe. (on trouve d’ailleurs des tee-shirts à son effigie sur les marchés de Moscou…).
Pendant encore un siècle, les Russes resteront sous la domination Tatar.